Chers frères et sœurs

Mes salutations et mes meilleurs souhaits à vous tous.   J’espère que ce message vous trouvera en sécurité et en bonne santé en cette période très difficile que nous vivons dans le monde entier. Sachez que vous tous, membres de la communauté viatorienne, vous êtes présents dans les prières de tous les membres du Conseil général.

Ces derniers mois, une crise sans précédent a touché de nombreux pays à travers le monde, le coronavirus ayant frappé des milliers de personnes. Notre Communauté Viatorienne a également été témoin de la maladie et de la mort de plusieurs de ses membres. Aujourd’hui encore, des pays et des villes continuent à lutter afin de surmonter cette menace silencieuse pour notre santé et pour notre bien-être. Prions ensemble pour la santé, la guérison et la sécurité de tous.

Depuis un certain temps déjà, je voulais vous faire part de l’état d’avancement de la discussion et du dialogue avec Rome sur la proposition d’amendement de l’article 5 de notre Constitution. Alors que la pandémie de Covid-19 faisait rage dans le monde entier, j’ai estimé que ce n’était pas le bon moment pour une telle communication. Comme il semble que maintenant la vie commence à retrouver un certain sens de la normalité, j’ai décidé de vous écrire pour vous faire le point sur l’état d’avancement de ce processus.

Comme vous le savez, en juillet 2018, le 30e chapitre général s’est réuni à Mundelein, dans l’Illinois. Les délégués de toute la congrégation ont discuté de nombreuses questions au cours des délibérations. L’une des questions qui a fait l’objet de nombreuses discussions concernait une proposition d’amendement à l’article 5 de la Constitution. L’Assemblée générale de 2016 à Guadarrama, Espagne, avait approuvé une recommandation pour que le Chapitre général adopte un amendement à l’article 5 de la Constitution.

L’objectif de la proposition d’amendement de l’article 5 était de donner une reconnaissance officielle à la communauté viatorienne dans notre législation. Vous vous rappelez que la décision du Chapitre à la question 41 est libellée comme suit :

 « Le Chapitre général décide :

  1. de reconnaître la Communauté Viatorienne par l’adoption de l’ajout suivant à l’article 5 de la Constitution :

 Conformément à une idée chère à notre Fondateur, notre Congrégation accepte de s’associer d’autres personnes qui désirent participer à sa mission, à sa vie spirituelle et à sa vie communautaire. Ces associés n’émettent pas les vœux publics propres aux Clercs de Saint- Viateur et ne peuvent contracter aucun autre engagement canonique à l’égard de notre Congrégation. Ils s’engagent suivant des modalités que précisent nos Règlements généraux et particuliers Notre.  (Texte actuel de l’article 5)

2. Dynamisée par le charisme hérité du fondateur, la Congrégation, tout en respectant la conscience de chacun de ses membres, forme avec l’association la famille querbésienne appelée communauté viatorienne. Selon leur vocation propre et leur état de vie particulier, Viateurs religieux et Viateurs associés partagent le charisme du fondateur de façon coresponsable. »

Le Chapitre général a adopté cette modification de notre Constitution par un vote de 31 voix sur 40, soit plus des deux tiers des votes valides exprimés, comme l’exige la Constitution n° 54 pour la modification de notre Constitution. Le Chapitre a confié au Conseil général la tâche de préparer un dossier à présenter à la Congrégation pour les Instituts de vie consacrée et les Sociétés de vie apostolique (CIVCSVA).

Le dossier préparé par le Conseil général contient un récit complet pour situer le contexte historique de l’émergence de la Communauté Viatorienne. Cet historique commence avec l’intuition originale de notre Fondateur d’inclure, dans le cadre de la mission de la Congrégation, une « association de laïcs » liée à la Congrégation. Sans détailler ici cet historique complet, nous savons que le Saint-Siège n’a pas reconnu cet aspect de la vision du Père Querbes et a finalement approuvé la création de notre Congrégation de droit pontifical dont les membres font tous des vœux simples et publics. Le Vatican a même refusé de reconnaître l’aspect de son projet qui incluait les laïcs associés.

Depuis plus de vingt-cinq ans, l’expérience de la Communauté Viatorienne s’est développée à travers la Congrégation. Cela a conduit aux décisions capitulaires 3 et 5 du Chapitre général de 1994, 11-15 du Chapitre général de 2000, 8 et 9 du Chapitre général de 2006 et à la décision 3 du Chapitre général de 2012. Pendant toutes ces années, la Communauté Viatorienne a été vécue ad experimentum dans les Provinces et les Fondations. Aucune version n’est apparue comme étant la nature définitive de la Communauté Viatorienne, mais cette expérience de collaboration entre laïcs et religieux dans la coresponsabilité du charisme a pris racine dans toute la Congrégation.

En octobre 2019, le Père Claude Roy et moi-même avons rencontré Mgr José Rodriguez Carballo, O F M, secrétaire de la Congrégation pour les Instituts de vie consacrée et les Sociétés de vie apostolique. Avant cette rencontre, nous avions soumis le dossier complet faisant valoir l’adoption de l’amendement à l’article 5 de la Constitution, tel qu’approuvé par le Chapitre général de 2018. Mgr Carballo a souligné que la CIVCSVA a vu l’émergence de nombreuses associations de laïcs en lien avec les ordres religieux. Il a indiqué que la Congrégation n’était pas prête pour le moment à offrir des reconnaissances canoniques tant qu’une enquête et des recherches approfondies n’auraient pas été menées à bien par la CIVCSVA et les différentes congrégations religieuses impliquées dans cette réalité émergente.

Notre rencontre avec l’archevêque a été très cordiale et amicale ; il a promis que la CIVCSVA examinerait notre dossier de manière approfondie et qu’elle donnerait à l’avenir une réponse plus formelle à la proposition d’amendement.

Par la suite, j’ai reçu une lettre de l’archevêque Carballo détaillant la réponse de la Congrégation à notre demande. La CIVCSVA reconnaît les avantages d’une collaboration, spirituelle et apostolique, entre religieux et laïcs, dans le respect de la vocation spécifique de chacun. Il est nécessaire de maintenir la valeur spécifique de la vie consacrée par la profession des conseils évangéliques.

La CIVCSVA estime que les modalités canoniques d’association entre religieux et laïcs sont pour le moment dans un processus de réflexion et de discernement. Cette réflexion n’étant pas achevée, ils ne sont pas prêts à approuver telle ou telle modalité, car cela pourrait créer un précédent pour de futures propositions.

Le mot « communauté » existe déjà dans le cadre d’un institut religieux, rappelant la « vie fraternelle en commun ». Il semble donc que le terme « Communauté Viatorienne » puisse être une source de confusion. Il faudrait peut-être envisager un autre terme. Une autre préoccupation repose sur le fait d’appeler les associés « membres ». Cela pourrait impliquer une « responsabilité » pour le comportement de ses membres qui pourrait être rattachée à la Congrégation.

Comme vous pouvez le constater, la CIVCSVA a des réserves importantes sur la modification proposée de notre Constitution. En même temps, le dialogue avec l’archevêque Carballo a été très cordial et fructueux. Il nous a demandé de poursuivre notre discernement sur le développement de la « Communauté Viatorienne », en tenant compte des observations qu’il a formulées. Il a souligné son désir de maintenir la communication et le dialogue tout au long de ce processus.

Où cela nous mènera-t-il dans ce processus de recherche d’une reconnaissance officielle de la Communauté Viatorienne dans notre législation ? Alors que le Chapitre général de 2018 demande au Conseil général de poursuivre ce processus, la Congrégation pour les Instituts de vie consacrée et les Sociétés de vie apostolique ne semble pas favorable à reconnaître dans notre législation la Communauté Viatorienne telle que nous la connaissons. Nous pourrions peut-être permettre encore la poursuite de l’évolution de la Communauté Viatorienne, ad experimentum.

Il me semble cependant évident que nous devons poursuivre ce discernement au sein de la Communauté Viatorienne. Peut-être devrons-nous développer un nouveau « langage » pour décrire cette réalité pour nous. Peut-être devrons-nous reconnaître les évolutions différentes et variées de cette vision fondatrice du Père Querbes.  Il est difficile d’attribuer un langage canonique ou juridique à ce qui est essentiellement une expérience charismatique. En même temps, nous apprécions l’expérience vécue de la Communauté Viatorienne et la diversité de son expression dans les différentes Provinces et Fondations.

Comme vous pouvez le constater, je n’ai pas de réponses claires ou définitives à ce processus. Je voulais simplement vous informer de l’état d’avancement de la question 41 du Chapitre général de 2018. Bien qu’aucune date ou lieu précis n’ait été fixé, je crois fermement que la prochaine Assemblée générale de la Communauté Viatorienne aura à discerner clairement quelle doit être notre réponse à la CIVCSVA et à donner des recommandations spécifiques pour faire avancer ce débat. En attendant, je demande aux chapitres provinciaux de se joindre à cette délibération afin de rechercher quelles pourraient – être les prochaines étapes à parcourir. J’encourage les communautés locales ainsi que les assemblées de la Communauté Viatorienne dans les différentes provinces à mener également cette discussion et ce discernement. Le Conseil général, pour sa part, poursuivra sa réflexion et le dialogue dans l’espoir de proposer des réponses spécifiques pour faire avancer notre discernement,

Merci beaucoup pour votre collaboration dans tout ce processus. Si la réponse de Rome n’était pas totalement inattendue, nous devons maintenant décider comment aller de l’avant. L’intuition fondamentale concernant la Communauté Viatorienne est bonne et positive. Notre défi consiste maintenant à trouver les mots justes et la meilleure structure qui permettra à la Communauté Viatorienne de croître et de se développer. Je me réjouis de poursuivre cette discussion avec vous.

 

Fraternellement en Viateur et  Querbes

 

 

Robert M. Egan, CSV
Supérieur général