Le premier évêque Clerc de Saint-Viateur, qui a aussi été président de la Conférence des évêques catholiques du Canada et consultant auprès du Saint-Père sur les questions au sujet de la vie consacrée, est décédé.

Mgr Jacques Berthelet, CSV

Mgr Jacques Berthelet, CSV, est décédé le 25 janvier. Il était âgé de 84 ans.

Mgr Berthelet a servi le diocèse de Saint-Jean-Longueuil pendant 24 ans, dont 10 années comme évêque auxiliaire et 14 années comme évêque diocésain, avant de prendre sa retraite en 2010 à l’âge de 75 ans.

Il est né le 24 octobre 1934 à Montréal et est entré chez les Clercs de Saint-Viateur en 1957.  Mgr Berthelet a obtenu deux diplômes de premier cycle de l’Université de Montréal, dont un en théologie, avant d’être ordonné prêtre en 1962. Il a ensuite reçu un diplôme en études pédagogiques de l’Université de Montréal avant d’étudier pour une licence en théologie de l’Université de Fribourg en Suisse, en 1964.

Mgr Berthelet a consacré les premières années de son ministère en éducation comme membre du corps professoral à la faculté de théologie de l’Université de Montréal avant d’être appelé au service d’autorité pour les Clercs de Saint-Viateur du Canada.

Au fil des ans, Mgr Berthelet a été responsable de la formation et maître des novices, avant de déménager à Rome pour devenir vicaire général de la Congrégation. Il a ensuite été élu supérieur provincial des Clercs de Saint-Viateur au Canada (1978 à 1984) avant d’être Supérieur général de la Congrégation (1984-1987).

Son engagement ecclésial soutenu a été couronné par son ordination épiscopale pour le diocèse de Saint-Jean-Longueuil, en 1987.

En tant qu’évêque auxiliaire, il a participé activement à l’Assemblée des évêques du Québec, en tant que membre des comités de théologie et d’éducation, du comité sur les ministères, du comité exécutif, du comité de planification et des relations inter-confessionnelles et interculturelles.

Mgr Berthelet s’est engagé à l’échelle nationale et internationale en tant que membre de la Conférence des évêques catholiques du Canada (CÉCC). Il a également exercé plusieurs fonctions au sein du comité exécutif, en tant que trésorier adjoint, vice-président et finalement président, de 2001 à 2003.

Avec toute son expérience, Mgr Berthelet a été pendant 10 ans un consultant apprécié à la Congrégation pour les instituts de vie consacrée et les sociétés de vie apostolique du Saint-Siège.

La messe de funérailles pour le repos éternel de Mgr Berthelet a été célébrée le 4 février 2019 à la co-cathédrale Saint-Antoine-de-Padoue. Le Père Robert M. Egan CSV, Supérieur général, a assisté aux célébrations ainsi qu’aux prières tenues à la crypte des évêques de la cathédrale de Saint-Jean-sur-Richelieu, où désormais Mgr Berthelet repose en attendant le retour définitif du Seigneur.

Lors de ses funérailles, son frère, le F. Pierre Berthelet, CSV, a prononcé cet éloge funèbre:

Le souvenir le plus lointain que je garde de mon frère Jacques remonte à plusieurs années alors que j’étais enfant et que lui était adolescent. Le soir avant d’aller se coucher, il s’agenouillait au pied de son lit et, les yeux fermés et les mains jointes, il priait. Il était beau à voir! Toute sa vie, Jacques a été un grand priant. Presque chaque année, j’avais l’occasion de prendre avec lui quelques jours de repos dans un chalet. Chaque matin, après le petit déjeuner, il me posait la même question: « À quelle heure veux-tu que je dise la messe? Pour lui, la messe quotidienne était sacrée même en période de vacances. L’avant-midi, vers dix heures, il allait s’asseoir à l’écart pour lire son bréviaire et méditer. L’après-midi, vers trois heures, même scénario: il priait et réfléchissait pendant une bonne vingtaine de minutes. Quand je lui téléphonais pour m’informer de ses activités, il me répondait souvent qu’il était en train de préparer une homélie. Jacques n’improvisait pas, il se préparait toujours consciencieusement. Pendant ses premières années de sacerdoce, il ne conservait pas ses homélies. Si, après trois jours, personne n’avait réclamé son texte, il le déchirait, car, disait-il, l’an prochain, j’aurai un autre message à livrer: la parole de Dieu s’actualise.

Au début de son épiscopat, il a subi un électrochoc. Une personne lui a dit: « Mgr Berthelet, vous êtes un grand théologien, un grand professeur d’Université, mais je dois vous avouer que je ne vous comprends pas quand vous prononcez vos homélies! » Jacques a été ébranlé. Il me dira: « Il faut absolument que je me fasse comprendre. Je devrai vulgariser mes pensées, concrétiser mes idées. Je devrai expliquer davantage mes propos, être un meilleur pédagogue. Mais je ne dois jamais diluer la Parole de Dieu ».Quelques mois plus tard, lors de la fête nationale du Québec, j’ai été invité à la cathédrale Saint-Jean l’Ëvangéliste. Pendant son homélie, je n’avais jamais vu Jacques aussi pragmatique, aussi pratico-pratique, aussi concret. Je me suis dit: même un jeune peut le comprendre! En fait, Jacques était pourvu d’un sens aigu de la perfection. Il cherchait toujours à s’améliorer, à se perfectionner.

L’arrivée du pape François en 2013 a marqué un tournant dans la vie de
Jacques qui dévorait les écrits du Souverain Pontife, les étudiait et s’en inspirait pour son ministère, tout particulièrement à Varennes où il a été très actif jusqu’à l’âge de quatre-vingt-deux ans. Influencé par les trois suggestions du pape François sur le contenu d’une homélie, Jacques s’efforçait de les appliquer: UNE idée à inculquer, UNE image qui saisit, UN sentiment qui touche les cœurs. J’ajouterai que Jacques a respecté au plus haut point sa devise: PORTER LA PAROLE DE VIE. Il l’a réalisée non seulement par ses prédications, ses conférences, ses cours, mais aussi par un nombre incalculable d’écrits rédigés tout au long de ses trente-deux années d’épiscopat.

Pour conclure, je dirai: comme Jacques a beaucoup prié, comme il a beaucoup aimé, beaucoup servi et comme il a consacré sa vie à proclamer l’Évangile et à intervenir à temps et à contretemps, il voit maintenant la gloire de Dieu et jouit du bonheur pour l’éternité. Et comme l’exprimait un grand écrivain : « L’éternité, c’est long, c’est très long, c’est très, très long, c’est pour toujours. »

Pierre Berthelet, c.s.v.